Victor Mazuel (1891 - 1976)
Maire de Manzat de 1935 à 1965
Conseiller Général du Puy-de-Dôme de 1945 à 1967
s Documentation et texte : R. Guillaneuf
s Mise en page et illustrations : Jean Serré
s Édition originale : Mairie de Manzat, août 2000
Annet Amable Victor Mazuel voit le jour le 9 novembre 1891 à la Chausse, petit village de la commune de Manzat où il passera toute sa vie. Bien que Victor soit le troisième prénom du nouveau né pour l'état civil, il semble qu'il ait été employé très tôt comme prénom usuel, tant par sa famille qu'à l'extérieur, comme l'attestent les cahiers d'écolier conservés jusqu'alors.
En cette fin du XIXème siècle, Manzat, chef-lieu de canton est un gros bourg rural de 2000 habitants qui vit au rythme de la vie paysanne, puisque les cultivateurs forment près des quatre cinquièmes de la population.
La grande majorité d'entre eux sont des petits paysans qui vivent chichement. Ils possèdent trois ou quatre vaches, parfois quelques chèvres ou moutons. Ils produisent leurs légumes et les céréales qui leur sont nécessaires pour fabriquer eux-mêmes leur pain, plus souvent de seigle que de froment car les terres des Combrailles sont pauvres. C'est une économie de subsistance qui permet tout juste de dégager l'argent nécessaire pour se procurer les produits que la ferme ne donne pas : outils, vêtements, sucre, café...
L'implantation d'une usine aux Ancizes à l'extrême fin du XIXème siècle permettra d'améliorer un peu la situation de beaucoup de familles au prix, il est vrai, d'un dur labeur puisque beaucoup s'astreignent à « deux journées », l'une à la ferme, l'autre à l'usine.
L'HOMME PRIVÉ : UN TERRIEN ATTACHÉ AUX VALEURS FAMILIALES
La famille où naquit Victor Mazuel était une « bonne famille ». Elle s'était implantée à Manzat au village du Fromental au début du XIXème siècle. Un peu plus tard, une de ses branches construit sa ferme à quelques centaines de mètres, au hameau de la Chausse.
Les parents de Victor, Amable Mazuel et son épouse Marie Sanne, sont paysans, comme la quasi-totalité des habitants de la commune. Mais la famille Mazuel semble un peu plus aisée que la moyenne puisque sa propriété est plus vaste, son cheptel plus important et que certains enfants font des études qui leur permettent d'accéder à la petite bourgeoisie. Elle représente assez bien cette France rurale du XIXème siècle et du début du XXème siècle qui, par « l'ascenseur républicain », connaît le progrès social voulu par la République.
Lorsqu'Amable déclare la naissance de son fils Victor à l'Etat-Civil, il indique comme profession « propriétaire » et ses témoins sont des notables : son frère, le docteur Amable Mazuel, son cousin Antoine Mazuel qui est notaire ; les deux seront maires de Manzat, le premier de 1900 à 1902, le second de 1902 à 1918.
Victor Mazuel était le second de deux enfants : son frère Pierre était son aîné de deux ans. Il vécut une enfance sans problème entre ses parents, son frère, ses grands-parents. Comme celle de tous les enfants de son âge, sa vie était partagée entre les travaux des champs au moment où ceux-ci demandaient une main d'œuvre nombreuse, et le travail scolaire. L'étude lui plaisait, particulièrement celle de l'histoire et son souhait aurait été de devenir professeur dans cette discipline. Le sort en décide autrement : son frère Pierre, qui devait reprendre la ferme familiale, mourut à l'âge de 17 ans d'une appendicite aiguë. Dès lors la voie de Victor Mazuel était tracée : il serait paysan comme ses ancêtres.
En 1911, il a vingt ans, il part accomplir son service militaire qui dure alors trois ans.
Le 3 août 1914, lorsque la Grande Guerre éclate, il est encore sous les drapeaux. Il monte immédiatement au front et combat en Alsace. Il est fait prisonnier et envoyé en Bavière. Les premiers temps de sa captivité sont particulièrement éprouvants puisqu'il est employé à travailler dans des marais. Il sera ensuite placé comme travailleur agricole dans une ferme où il restera jusqu'à l'Armistice.
En novembre 1918, après sept ans sous les drapeaux et plus de cinq ans sans avoir revu ses parents et son village, il est enfin libéré. Revenu chez lui, à la Chausse, il retrouve sa famille et son métier d'agriculteur.
En 1922, il épouse Françoise Batisse des Ancizes, fille d'agriculteurs elle aussi et sœur du docteur Jean Batisse. Victor et Françoise auront un fils unique Henri qui deviendra ingénieur et deux petits-enfants : Anne et Pierre-Henri. Après son décès, sa famille s'agrandira de trois arrière-petits-enfants, Alexandre, Christabella et Maximilien. Ce dernier porte en troisième position le prénom de son bisaïeul Victor.
La vie privée de Victor Mazuel est sans aspérités. Sans être bigot, sans même être un « pratiquant régulier », il était catholique et respectait les valeurs chrétiennes au demeurant largement laïcisées. Il avait l'amour du travail et, tant qu'il en eut la force, il effectua les travaux nécessaires à la bonne marche de sa ferme. Il aimait profondément sa famille et ses proches ont conservé de lui le souvenir d'un « homme facile à vivre ».
Il fut bon époux et il fête en 1972, entouré de sa famille, ses cinquante ans de mariage. Il fut bon père aussi et bon grand-père. Il pousse son fils unique à poursuivre des études pour embrasser le métier de son choix. Ses petits-enfants gardent de lui un souvenir heureux. Il était, de nature, peu démonstratif et n'extériorisait pas avec effusion la tendresse qu'il avait pour les siens mais il savait s'intéresser à eux avec beaucoup d'affection.
L'HOMME PUBLIC : UN GRAND RÉPUBLICAIN
Très tôt, Victor Mazuel s'intéresse à la vie publique : il sera militant syndicaliste agricole mais c'est dans l'action politique qu'il donnera toute sa mesure.
Il n'eut jamais le souci de « faire carrière ». Ce qui l'intéresse, c'est de servir la Cité et ses concitoyens, conformément à l'idéal de la République. Ce qui trappe de prime abord chez lui, c'est sa simplicité. Il est tout le contraire de l'homme qui se veut important. Il se montre direct, sans façon ; il parle sans ambages.
Doté d'un solide bon sens, il refuse de s'engager dans des voies qu'il juge déraisonnables. Ses projets sont toujours réalistes, ce qui lui permet d'accomplir ce qu'il entreprend et qu'il mène avec persévérance, obstination, voire entêtement.
Victor Mazuel se définissait lui-même comme « foncièrement républicain ». S'il se présente aux élections le plus souvent sous l'étiquette de l'« Union Socialiste et Républicaine », son socialisme est proche de celui de son ami Alexandre Varenne, le grand homme du département du Puy-de-Dôme durant toute la première moitié du XXème siècle, longtemps député de RIOM-Montagne et fondateur du journal « LA MONTAGNE » dont Victor Mazuel sera le fidèle lecteur durant toute sa vie.
Le socialisme de Varenne et de Mazuel est un socialisme modéré proche de celui du Parti Radical Socialiste sous l'étiquette duquel Victor Mazuel sera aussi candidat : il veut le progrès social, la prospérité pour tous mais il pense qu'on ne peut les obtenir que par une lente évolution dans la liberté et la paix auxquelles il est très attaché.
Son idéal est en fait celui de la République : Liberté, Egalité, Fraternité. Il refuse le conservatisme comme l'aventure, qui conduisent l'un et l'autre à la dictature. Chaque citoyen doit pouvoir vivre comme il l'entend à condition de respecter l'autre. Chaque citoyen doit pouvoir s'élever par son travail dans l'échelle sociale et, pour cela, il faut donner à chacun les moyens de développer ses capacités.
Victor Mazuel qui sera délégué cantonal - aujourd'hui Délégué Départemental de l'Education Nationale - soutiendra toujours de toutes ses forces l'Ecole laïque et républicaine. Mais sa laïcité est exempte de tout sectarisme. Son attention est la même pour tous les hommes et toutes les femmes, quelles que soient leur religion ou leurs idées politiques.
Sa probité et sa tolérance sont reconnues de tous, ce qui lui vaudra sans doute le privilège, en plus de quarante ans de vie politique, de ne jamais connaître un échec électoral et d'être élu pendant tant d'années maire et conseiller général.
UN MAIRE AIMÉ
Dès 1925, - il a alors 34 ans - Victor Mazuel est élu conseiller municipal de Manzat. En 1929, il est réélu - second de tous les élus - à la tête d'une liste de centre gauche qui obtient sept sièges contre neuf à la liste conservatrice du maire sortant, François Gilbert Sardier, qui garde sa mairie.
En 1935, la tendance s'inverse notamment par le remplacement des trois élus de la section de Sauterre, partisans de Sardier par des amis de Mazuel : Victor Mazuel est élu maire par onze voix et cinq bulletins blancs, l'opposition ayant jugé inutile de présenter un candidat.
En raison de la guerre de 1939-45, il faudra attendre 1945 pour que de nouvelles élections aient lieu ; tant à cette date qu'aux élections suivantes (1947 - 1953 - 1959) la liste de Victor Mazuel, qui a intégré quelques hommes de droite et qui est devenu « d'union républicaine », n'a plus d'opposition. Victor Mazuel est presque constamment réélu en tête de tous les candidats avec toujours des majorités massives. Durant toutes ces années, il conserve sa mairie par des votes unanimes du Conseil Municipal.
UN CONSEILLER GÉNÉRAL RESPECTÉ
Le 23 septembre 1945 ont lieu les premières élections d'après-guerre au Conseil Général. Le conseiller général du canton de Manzat sortant, élu bien avant la guerre, est François Gilbert Sardier, le maire battu en 1935. Il se représente sous l'étiquette « Républicain Paysan ». Il est le seul candidat de droite. Deux candidats représentent les partis de gauche, le socialiste S.F.I.O. Lucien Dumas, maire de CHARBONNIÈRES-LES-VIEILLES et le communiste Ferrandon. Victor Mazuel est candidat Centre Gauche sous l'étiquette de l'Union Socialiste et Républicaine.
Au premier tour, il est en tête avec 1289 voix. Il est suivi par Lucien Dumas (1157 voix) et François Gilbert Sardier (1102 voix). Ferrandon recueille 527 voix.
Au second tour, s'il n'y a que 52 % de votants, Victor Mazuel qui bénéficie du désistement des candidats de gauche est élu avec 2797 voix (plus de 90 % des suffrages exprimés) contre 307 à François Gilbert Sardier qui avait retiré sa candidature.
A tous les renouvellements suivants (1949 - 1955 - 1961), Victor Mazuel sera réélu, le plus souvent avec des majorités confortables.
En 1949, Victor Mazuel, candidat du Rassemblement des Gauches Républicaines dont la composante essentielle est le Parti Radical Socialiste est en tête au premier tour avec 1598 voix (42 %) suivi du maire socialiste indépendant des ANCIZES qui obtient 1022 voix (27 %). Le candidat de droite, le docteur Claude Ainé, soutenu par les Républicains Indépendants et le Rassemblement du Peuple Français du Général De Gaulle n'obtient que 865 voix (22,5 %). Le communiste Lucien Mandon obtient 313 voix (8,5 %). Si les communes des ANCIZES, de SAINT-GEORGES-DE-MONS et de QUEUILLE ont donné la majorité à Régis Vallat, si le docteur Ainé a une faible majorité relative à CHARBONNIERES-LES-VIEILLES, Victor Mazuel est en tête partout ailleurs avec notamment 63 % des voix à Manzat et 79 % à LOUBEYRAT.
Au second tour, les communistes se désistent en faveur de Régis Vallat et les abstentionnistes du premier tour se mobilisent pour lui. Malgré cela, Victor Mazuel l'emporte avec 1730 voix (40 %) contre 1621 (37,5 %) à Régis Vallat et 978 (22,5 %) à Claude Ainé.
Si cette réélection de 1949 a été un peu difficile, les suivantes seront beaucoup plus faciles.
En 1955, Victor Mazuel, toujours candidat du R.G.R. a affirmé son autorité dans le canton et le département. Il est réélu dès le premier tour avec 1845 voix (58,5 %). La droite ayant jugé inutile de présenter un candidat, il n'a que deux adversaires, le socialiste SFIO Lucien Dumas qui obtient 1032 voix (32,75 %) et le communiste Marius Pinel qui en a 276 (8,75 %).
Si Lucien DUMAS est largement majoritaire dans sa commune de CHARBONNIERES-LESVIEILLES avec près de 89 % des voix, Victor Mazuel est en tête partout ailleurs souvent avec des majorités écrasantes : 93,5 % des voix à Manzat et même 55,70 % dans le vieux fief socialiste des ANCIZES.
En 1961, Victor Mazuel, candidat radical socialiste, se heurte à pas moins de quatre adversaires : deux de gauche, le socialiste SFIO Henri Lourdin, maire des ANCIZES et le communiste Marius Pinel, et deux de droite, l'Indépendant Paysan d'Action Sociale (I.P.A.S.) René Colombier et le Républicain indépendant Jean Hom, maire de SAINT-GEORGES-DE-MONS.
Il dut donc attendre le second tour pour être réélu. Au premier tour, il obtient 1324 voix (37 %). Il est suivi d'assez loin par René Colombier (914 voix - 25,5 %), Henri Lourdin (616 voix - 17,25 %), Jean Hom (510 voix - 14,25 %), enfin Marius Pinel (217 voix - 6 %).
Victor Mazuel est majoritaire dans trois communes (MANZAT, CHARBONNIERES-LESVIEILLES et QUEUILLE) et il partage la première place avec Colombier à CHATEAUNEUF, avec Pinel à SAINT-ANGEL. René Colombier l'emporte à CHARBONNIERES-LES-VARENNES, LOUBEYRAT et VITRAC. Henri Lourdin et Jean Hom ne sont majoritaires que dans leurs communes, les ANCIZES pour le premier, SAINT-GEORGES-DE-MONS pour le second.
Le second tour sera relativement aisé pour Victor Mazuel qui bénéficie du report des voix socialistes et malgré le maintien du candidat du Parti Communiste qui traverse une période d'isolement en ces débuts de la Vème République : Victor Mazuel est élu avec 2054 voix (56 %) contre 1435 (39 %) à René Colombier qui n'a pas fait le plein des voix de droite. Marius Pinel n'a que 5 % des voix.
René Colombier n'est majoritaire qu'à SAINT-GEORGES-DE-MONS, QUEUILLE et VITRAC. Victor Mazuel l'est dans les sept autres communes du canton avec le plus souvent des majorités flatteuses.
Cette élection brillante - la dernière de sa longue carrière - s'explique facilement par le travail considérable qu'il avait réalisé.
UNE ŒUVRE IMPORTANTE
Élu municipal et départemental, Victor Mazuel ne le fait pas pour les honneurs mais avec le souci de développer sa commune et son canton.
Avec son Conseil Municipal, il revendique plus de pouvoirs pour les collectivités locales : « Il convient d'associer largement les Français à l'étude des mesures qui orientent leur destin, de s'attacher aux solutions humaines plutôt qu'aux solutions uniquement techniques (...), d'aborder résolument dans un large esprit de décentralisation la réforme des structures et des méthodes d'action de l'Etat » (délibération du Conseil Municipal de Manzat du 21 février 1954).
C'est qu'en effet, jusqu'aux lois de décentralisation des années 1980, si les maires disposent de pouvoirs de gestion non négligeables, ceux du département appartiennent au préfet. Les conseillers généraux ne sont que ses interlocuteurs plus ou moins écoutés et n'ont pas la possibilité d'élaborer une politique départementale. Aussi ont-ils avant tout le souci que le canton dont ils sont l'élu ne soit pas oublié par le préfet et que celui-ci lui accorde les crédits nécessaires pour le bien-être des communes qui le composent.
Victor Mazuel est sans doute l'un des meilleurs exemples de ces élus locaux qui interviennent avec patience et obstination pour que les communes rurales bénéficient des progrès foudroyants que connaît le XXème siècle.
ACTION SOCIALE
Certes, ce maire n'oublie pas la gestion quotidienne de sa commune. Lorsqu'on parcourt les pages des registres des délibérations du Conseil Municipal de Manzat, on est frappé par la place qu'y occupe l'aide sociale alors presque entièrement à la charge des communes. Jusqu'en 1950, les demandes de secours abondent dans cette commune qui appartient, il est vrai, à l'une des régions les moins florissantes du département : familles dont le fils part au service militaire privant la ferme des bras indispensables à sa bonne marche, femmes en couches et ne pouvant pas faire face à la charge qu'entraîne la naissance d'un nouvel enfant dans une famille déjà nombreuse, vieillards sans ressources...
Le Conseil Municipal étudie sérieusement les demandes présentées et, malgré la modicité du budget communal, refuse rarement l'aide sollicitée et justifiée.
C'est avec la même bienveillance que le maire répond aux demandes d'augmentation quasi mensuelles, dans la période d'inflation galopante de la guerre et de l'après guerre, que présentent les employés municipaux très mal rémunérés, il est vrai, à cette époque.
CONSTRUCTION ET ENTRETIEN DES CHEMINS ET ROUTES
Mais le développement de la commune et du canton reste la préoccupation première de Victor Mazuel. A cet effet, le désenclavement lui semble la priorité.
En 1935 encore, la voirie de Manzat et des communes du canton, comme au demeurant du département, reste archaïque. Le goudron a fait une timide apparition sur les axes principaux mais de nombreuses routes départementales ne sont qu'empierrées et les chemins vicinaux offrent plus d'ornières que de pistes carrossables. Les voitures particulières sont rares. Les transports publics peu développés.
Dès son élection comme maire, Victor Mazuel veille à ce qu'une grande partie du budget de Manzat soit consacrée à l'entretien des chemins vicinaux. Mais il est soucieux des deniers publics. Il refuse tout endettement excessif comme toute augmentation trop forte des centimes additionnels qui alimentent alors les budgets communaux. A partir de 1945, sa position de conseiller général permet d'obtenir des subventions importantes. Pour ne citer que deux exemples il peut écrire dans ses circulaires électorales d'avril 1953 : « il s'est créé, fin 1952, un fonds d'investissement routier pour les chemins vicinaux, alimentés par une taxe de 20 % sur les carburants. Fin janvier un plan a été adopté par le canton de Manzat et doit se réaliser dans les années à venir. Pour la commune, il comprend le chemin de Manzat à Croizet, le chemin de Sauterre à Laty et le tronçon allant au groupe scolaire. Si ce crédit est maintenu, nous pourrons à l'avenir y comprendre d'autres villages comme la Coussidière, la Bessède, les Vaudelins. Les subventions de l'Etat pour ces travaux s'élèvent à 70 % », et de mars 1959 : « le projet de route de Champs à Marmoizoux est en voie d'exécution (...). Des améliorations ont été apportées sur les chemins d'autres villages. Toutes ces réalisations ont été obtenues sans augmentation d'impôts, grâce à d'importantes subventions ».
Son action ne s'arrête pas aux portes de Manzat. Toutes les communes du canton en bénéficient. Dès son élection au Conseil Général il affirme sa volonté de « travailler à l'amélioration du réseau routier » du département. En 1949, s'il constate que « des réparations ont été faites », il déplore que « le manque de matériaux et de crédits » n'ait pas permis la réfection complète de toutes les routes et la création de voies nouvelles.
Mais il annonce « qu'un programme considérable échelonné sur deux ans » vient d'être adopté permettant la réfection et la construction de dix routes de son canton. En 1955 et 1961, il peut annoncer que ce programme a été réalisé ainsi qu'un programme complémentaire.
En 1967, lorsqu'il quittera le Conseil Général, toutes les routes départementales qui traversent le canton sont en excellent état, des routes nouvelles ont été créées, la plupart des chemins vicinaux ont été refaits. Ces réalisations ont permis le développement d'un réseau de transports publics auquel Victor Mazuel attachait beaucoup d'importance. Le canton de Manzat est bien relié avec tout le département.
DÉVELOPPEMENT DES SERVICES PUBLICS
Radical Socialiste, Victor Mazuel estime que « la liberté économique est indispensable » et qu'il ne revient pas à l'Etat d'intervenir dans tous les domaines mais il pense aussi que « tous les travailleurs méritent des garanties sociales », qu'il ne faut pas oublier les déshérités de la vie. Cet homme pragmatique sait bien que l'initiative privée ne peut s'intéresser qu'au profit et que les services publics sont nécessaires aux plus démunis.
C'est pourquoi il aura toujours le souci d'offrir à ses concitoyens des services publics de qualité et ceux-ci connaîtront sous ses longs mandats un développement considérable.
Si la Poste et la perception avaient été crées à Manzat au XIXème siècle, ces services étaient logés dans des bâtiments vétustes et exigus qui ne leur permettaient pas de s'adapter aux techniques nouvelles. Victor Mazuel fera construire de nouveaux bâtiments qui seront inaugurés, celui de la perception en 1962, celui de la Poste en 1965.
Le monde paysan a longtemps vécu dans la terreur des incendies qui anéantissent en quelques instants le fruit d'une vie de travail. Pourtant, jusqu'à une période récente, l'Etat s'est peu intéressé à ce fléau.
Avant la seconde guerre mondiale, il existait bien à Manzat une compagnie de sapeurs-pompiers créée et animée par la bonne volonté des habitants. Elle était mal équipée et peu efficace malgré le dévouement de ses membres d'autant plus que la commune manquait souvent d'eau.
Dès 1935, la municipalité de Victor Mazuel accorde des subventions aux pompiers pour leur permettre de se moderniser. En 1942, l'Etat invite les communes importantes à créer des Centres de secours. Manzat accepte avec empressement cette création.
La commune doit acquérir du matériel (fourgon, sirène, etc.) mais, après la guerre, lorsque les subventions de l'Etat deviendront plus abondantes, elle en bénéficiera et elle pourra disposer d'un centre de secours bien équipé et performant.
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, les campagnes connaissent peu de problèmes de logement : la population était stagnante et plusieurs générations vivaient sous le même toit. A partir de 1945 les habitudes changent : les jeunes, dont beaucoup à Manzat, n'embrassent plus les professions agricoles comme leurs parents et travaillent à l'usine des Ancizes ou à l'usine Michelin de Clermont-Ferrand, veulent un logement indépendant et confortable. Le « baby-boom » des années d'après 1945 entraîne une augmentation importante de la population. Des constructions nouvelles sont nécessaires.
En 1958, Victor Mazuel fait voter par le Conseil Municipal « la création d'un lotissement de terrains pour la construction de logements économiques et familiaux ». Il s'agit de proposer à prix raisonnables des terrains viabilisés sur lesquels l'acheteur pourra édifier sa maison. Cette initiative rencontre un grand succès, les terrains sont rapidement achetés et un nouveau quartier naît à Manzat.
La fin du XIXème siècle avait vu la naissance de trois nouveaux services publics : la distribution de l'électricité, celle de l'eau, l'installation du téléphone.
Ces nouveaux services n'avaient atteint que très rarement la campagne française : en 1935, si les trois quarts de la commune de Manzat étaient électrifiés, l'éclairage public était inexistant. Le problème de l'eau se posait avec acuité. Non seulement il fallait aller la chercher dans des fontaines et des puits souvent éloignés de l'habitation mais, en période de sécheresse, certains villages en étaient privés. Enfin le téléphone n'arrivait qu'au bourg où il n'existait que quelques postes.
- Si l'électrification de la commune est assez rapidement terminée, il faudra longtemps pour que l'éclairage public se développe : ce développement commencera en 1945 et se poursuivra pendant une trentaine d'années, les municipalités présidées par Victor Mazuel s'y consacrant avec obstination.
- L'installation de l'eau courante demandera encore plus d'efforts. C'est à partir de 1950 que la municipalité entreprend ce travail gigantesque. Pour le bourg, une « Association Syndicale d'Amenée d'eau » se crée que le Conseil municipal soutient par des subventions. Pour les villages des plans sont dressés. Durant la décennie 1950-1960, la question est étudiée dans presque toutes les séances du Conseil Municipal. Victor Mazuel s'y consacre avec son énergie habituelle notamment en obtenant des subventions. Lorsqu'il se retirera de la vie politique, l'eau arrivera dans la totalité des maisons de sa commune et de son canton.
- Victor Mazuel aura pour préoccupation constante de relier sa « petite patrie » au reste du monde : il voudra que chaque village ait au moins un poste téléphonique. C'est une entreprise coûteuse car les distances sont grandes et chaque hectomètre de ligne coûte cher. A partir de 1952, date où une première cabine téléphonique est installée, rares seront les séances du Conseil Municipal où il ne votera pas les crédits nécessaires pour créer de nouvelles cabines. En 1965, la quasi-totalité des villages sont reliés. De là, il sera facile aux habitants d'installer un poste particulier.
UNE POLITIQUE SCOLAIRE DYNAMIQUE
En 1935, Manzat ne possédait pas de groupe scolaire. Les classes étaient dispersées entre la mairie et des bâtiments souvent vétustes. Or, chef-lieu de canton, la commune se devait d'offrir non seulement un enseignement primaire de qualité mais aussi un enseignement secondaire.
Victor Mazuel, « républicain formé à l'Ecole de la république savait bien qu'il n y a pas de démocratie sans enseignement » (discours d'adieu à Victor Mazuel du maire Joseph Ameil en 1976). Il attachait une importance capitale à l'instruction publique. Or il constate qu'en l'absence d'enseignement secondaire à Manzat, celui-ci est réservé aux seules familles qui peuvent faire face aux dépenses importantes qu'entraîne la pension qu'elles doivent payer dans des établissements éloignés. De plus, la séparation prématurée des enfants et de leurs parents est souvent mal vécue.
Dès avant même son élection à la mairie, Victor Mazuel se préoccupe de cette question. En 1931, il informe le Conseil Municipal qu'il a rencontré le député Alexandre Varenne et que celui-ci a promis que l'Etat verserait une subvention de 70 à 75 % pour la construction d'un groupe scolaire. A son instigation, le Conseil adopte le principe de cette construction.
Élu maire, Victor Mazuel reprend le projet. Le groupe scolaire comportera les classes primaires et un « c
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